Le village d’Oradour-sur-Glane se situe à une vingtaine de kilomètres de Limoges, dans le Limousin. Au début des années 40, le bourg central compte 330 habitants, et la commune entière un peu plus 1500 habitants. La population a augmenté suite à des vagues de migration dès 1939 : espagnols fuyant le franquisme, évacués alsaciens, expulsés mosellans, Juifs français ou étrangers fuyant les persécutions. Oradour-sur-Glane est un lieu vivant, un tramway relie directement le centre à Limoges, et le marché du samedi attire les gens des alentours.
Le samedi 10 juin 1944, le bourg est donc bien animé avec les habitants et les visiteurs profitant du marché et des commerces du centre, ainsi que les enfants de la commune qui sont rassemblés dans les écoles pour la visite médicale.
Les habitants d’Oradour-sur-Glane et des alentours ne sont pas impliqués dans la résistance armée, bien qu’elle soit de plus en plus violente dans la région, notamment à Limoges. D’ailleurs, jusqu’au 10 juin, le village a été plutôt épargné par la guerre et l’occupation. On ne sait toujours pas aujourd’hui exactement pourquoi Oradour-sur-Glane a été choisi par l’armée nazie.
La troupe de Waffen SS qui arrive dans la région est tristement célèbre, la division Waffen SS Das Reich est une des plus anciennes des branches armées nazies. La troupe a mis en pratique sur le front de l’Est l’utilisation de la terreur au travers d’exécutions de masse des populations civiles, notamment pour diminuer le soutien de la population aux résistants.
Ce qui c’est passé à Oradour-sur-Glane est un massacre préparé. Pour « reprendre en main la zone », le général Lammerding préconise l’application de mesure répressives brutales dans un rapport du 5 juin. Le 6 juin marque le début du débarquement en Normandie. Le 9 juin, 8500 hommes arrivent dans la région, perpétuant massacres, pillages et incendies. De nombreux habitants de Tulle seront déportés et 99 otages pendus. Le 9 et le 10 juin ont lieu des réunions entre officiers de la Waffen SS, des policiers SS et des miliciens français pour décider de la marche à suivre.
Le 10 juin aux environs de 13h, 200 hommes se mettent en route vers Oradour-sur-Glane, qui est méthodiquement encerclée. Les habitants et les personnes de passage sont rabattus vers le centre du bourg, sous le prétexte d’un contrôle d’identité, certains se cachent mais il n’y a pas de mouvement de panique puisque jusqu’à maintenant le village a été épargné par les SS, et les habitants savent qu’il n’y a pas de maquis à Oradour même. Des coups de feu se font entendre, les habitants incapables de se déplacer sont abattus. Les habitants des fermes à l’extérieur du bourg sont également amenés. Une fois sur la place centrale, deux groupes sont créés : les femmes et les enfants sont conduits dans l’église, les hommes dans divers lieux clos. Les hommes seront abattus en même temps, puis brûlés. Des explosifs sont placés dans l’église qui résiste à l’explosion, les survivants seront abattus et brûlés. Le village est pillé et incendié, quiconque croise la route de la troupe est exécuté sur le champ. Le bourg est gardé toute la nuit par des soldats, le lendemain les corps seront méthodiquement brûlés, jetés dans des fosses communes, notamment pour rendre impossible l’identification des victimes. Suite à un travail de recherche, on dénombre aujourd’hui 643 victimes. Il s’agit du plus grand massacre de civils en France commis par l’armée allemande.
Les ruines ont été conservées en l’état, une nouvelle ville a été reconstruite à côté. Oradour-sur-Glane est en deuil permanent jusqu’au début des années 60 : les femmes sont habillées en noir, aucune festivité n’est organisée, pas de communion, pas de baptême, pas de mariage… Vivre à côté des ruines n’est pas chose facile, une génération a été sacrifiée, il n’y a plus d’enfants dans le village. Avec le temps et l’arrivée de nouveaux habitants, le village reprendra vie.
Le village martyr est conservé comme témoin de ce massacre, le Centre de la mémoire construit à côté se veut comme un lieu historique et pédagogique sur le massacre et les horreurs de la seconde guerre mondiale, et plus largement pour toutes les victimes civiles des conflits.









