Doel est un village situé en Belgique, à côté du port d’Anvers, sur les rives de l’Escaut. Avant les années 90, c’était un lieu apprécié des habitants du coin qui venaient y faire leur balade du dimanche pour profiter de la nature, voir les jolies maisons, le petit port, ou encore le vieux moulin datant du 17ème siècle. Juste derrière, à un kilomètre au nord du village, se trouve une des deux centrales nucléaires de Belgique. Cette image du moulin devant les cheminées de la centrale nucléaire est assez emblématique de Doel, de la cohabitation de l’ancien avec l’industrialisation.
Dans les années 90, les pouvoirs publics décident d’agrandir le port, la question est donc posé de la vivabilité du village enclavé dans cette zone industrielle. Le port d’Anvers est le deuxième plus grand port européen, il compte de nombreux terminaux à conteneurs, c’est le premier port chimique en Europe, en résumé une machine difficile à arrêter. D’autres villages ont d’ailleurs disparus pour laisser place à l’expansion du port. En 1997 un comité d’action est créé, les défenseurs de Doel vont se battre contre la disparition de leur village.
En 1999 l’évacuation du village est décidée, l’expropriation commence pour les habitants volontaires. Le village comptait 1300 habitants en 1972, 200 habitants en 2006, et une vingtaine aujourd’hui. En 2005, un nouveau bassin de conteneurs est inauguré, un second bassin est en projet sur le site où est construit le village.
En 2006, de nombreuses maisons sont donc vides, en plus des 200 habitants officiels, Doel compte entre 150 et 200 squatteurs estimés. La situation est tolérée par les propriétaires, c’est en effet une manière de faire vivre le village, notamment à travers le street art qui fera petit à petit la renommée du lieu en dehors de la Belgique. Mais quand la situation particulière de Doel commence à être médiatisée, le village va subir des vagues de cambriolages et de dégradations, un moment désagréable pour les personnes restées vivre sur place. La police intervient alors pour expulser les fauteurs de troubles.
Avance rapide en 2019, après plusieurs batailles et aller retours devant les tribunaux, les irréductibles défenseurs de ce village devenu presque fantôme reçoivent une bonne nouvelle : le gouvernement flamand confirme que le village pourra être conservé. C’est une victoire pour tous ceux qui se sont battus pour la survie du village pendant 20 ans.
Quand j’y suis allée en 2014 je n’ai pas vu de police, mais un monsieur faisait le tour du village en voiture, accueillait les promeneurs en expliquant la situation avec un petit historique des batailles juridiques en cours. Il rappelait également quelques règles de base : les photos sont acceptées mais il est interdit de rentrer dans les maisons car certaines sont encore habitées et les maisons vides peuvent être dangereuses.
Le village est aujourd’hui toujours une attraction pour les visiteurs curieux. La volonté est maintenant de faire revivre Doel, certains anciens habitants auraient déjà le projet d’y revenir. Rien de précis n’est annoncé du côté des autorités politiques, mais on peut voir les effets de cette renaissance annoncée avec par exemple un Festival de musique électronique prévu le 17 et 18 septembre 2022.














































